Avis sur le livre « ESCALADE TRAINING: les secrets de la planification »

Voici une nouvelle présentation de livre. Il s’agit du tome 2 de « ESCALADE TRAINING » par Hervé Di Domenico et Kevin Arc. Après « 100 exercices spécifiques d’entraînement » que j’avais présenté ici, voici « Les secrets de la planification » (lien éditeur ici).

En complément, ou avant propos, voici une très bonne interview des auteurs dans la vidéo ci-dessous, par Climboïd (Sébastien). Seb présente également le livre dans cette vidéo.

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Les louanges

Mettons les choses à plat : les auteurs m’ont offert le livre, avant sa distribution dans les librairies. Kevin est un un collègue et copain avec qui j’échange régulièrement au téléphone, on parle de grimpe et d’entraînement. Et lors de l’un de nos derniers échanges, il s’interrogeait, ne recevant que peu de retours sur leur dernier ouvrage.
Je pense savoir pourquoi :
– Il est excellent.
– Pour oser critiquer ou même faire une remarque, il faut être sur de soi vu la « solidité » du pavé.
– Il doit rendre jaloux et/ou faire complexer pas mal d’entraîneurs…

Je l’admets, ce livre va m’être d’une très grande aide pour mieux organiser ma méthode de travail. Merci les gars! Je vais gagner beaucoup de temps grâce à vous sur ce travail que j’ai entrepris depuis des années, et que je ne parviens à faire avancer à rythme lent que durant la pause de l’été.
Vous avez effectué un travail colossal pour rassembler et organiser un en seul ouvrage une vision moderne, globale mais également pointue de ce que peut être l’entraînement en escalade. C’est une bible! Et je vais donc très régulièrement l’utiliser.
Voici la table des matières ci-dessous.

Les trois premiers chapitres sur la planification, l’identification des qualités à travailler et les fondamentaux de l’entraînement en escalade sont brillants. Le grand écart en théorie et expérience de terrain est remarquablement réussi. L’ensemble des thèmes complémentaires (et pas annexes) sont abordés de manière très pointue. Entraînement mental, cycles menstruels, les interférences, le yoga et la méditation, etc et etc! Il faut beaucoup de recul, d’expérience pour aboutir à cet ouvrage
Même les témoignages, que j’avais critiqués sur le tome 1, sont intéressants.

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Quelques remarques

Allez, il faut que je trouve des choses à redire. J’aurais aimé avoir plus de recul sur les types de contractions « isométriques » que sont le yielding et l’overcoming. C’est un domaine très pointu mais qui mérite qu’on s’y attarde un peu pour le travail de la force des doigts.
Même chose pour l’importance de la filière aérobie et les soucis d’efficacité qu’elle rencontre avec l’ischémie des fléchisseurs des doigts lors de la tenue de prise. Et les conséquences sur la filière dite « lactique ». C’est important dans ma vision de la préparation physique, et ma compréhension de comment s’y prendre pour améliorer les qualités physiques des fléchisseurs des doigts. Je partage donc évidemment avec les auteurs l’importance de l’entraînement à basse intensité. Quelque soit la spécialité du grimpeur.
Pour terminer de chipoter, j’aurais aimé voir un modèle de planification non-linéaire (ondulatoire, par bloc). Il est très utile. Plus court, plus varié, moins usant. Mais pour TOUT faire rentrer dans un livre…

Là par contre, j’ai quelques chose à redire, sur l’absence de la notion exacte de RPE dans le livre. Le RPE, pour faire court, est l’intensité que tu perçois lors de la réalisation d’un exercice, noté de 1 à 10 pour la plupart du temps. Egalement sur la globalité de la séance. Voir, par exemple, ce lien.
Je ne vais pas plus m’étendre sur le sujet car je pense publier un article sur ce sujet durant l’automne. Et il va me falloir pas mal de temps pour l’écrire. Sachez que cet outil simple me « permet », entre autres, de :
– Calibrer les exercices et les séances.
– Optimiser la progression.
– Estimer le niveau de fatigue.

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Quelques limites

Limites temporelles … et matérielles surtout.
Pas inhérentes à ce livre, mais à l’axe de développement actuel de l’escalade en France et Suisse. Pour la Belgique?
S’entraîner cela prend du temps, pas tant que ça peux être si tu enlèves les temps de déplacement (je progresse vraiment depuis que j’ai une salle d’entraînement à la maison). Mais avec des choix de vie, une organisation, cela se gère. Par contre, d’un point de vue matériel, c’est plus complexe.

Comment appliquer tous ces principes présentés dans le livre et réaliser toutes les séances d’entraînement :
– Dans un gymnase municipal, avec pour seul agrès un mur de 10 mètres dont les voies sont changées une fois par an? Avec le bruit des ballons de basket-ball et/ou le gardien qui te colle pour que tu partes 5 minutes avant la fin du créneau?
– Dans une salle commerciale d’escalade de voie, blindée et surchauffée?
– Dans une salle commerciale d’escalade de bloc, elle aussi blindée et surchauffée. Avec des bloc stéréotypés newschool, qui changent une fois tous les 2 mois et un espace entraînement avec seulement 2 poutres et une barre à traction ? Ou sont les anneaux, le PAN, le banc????

Ok Ok, Kevin et Hervé ont été « mal » habitués avec les installations du club Chambéry Escalade. Ils ne sont plus lucides! Pour ma part, la frustration m’a amené au projet fou de créer notre propose salle d’entraînement privée chez nous avec K, ma compagne. Je peux enfin m’entraîner dans de bonnes conditions, et entrainer mes grimpeuses et grimpeurs.
Un lieu pour s’entraîner dans de bonnes conditions, c’est très rare, et cela ne rapporte pas assez d’argent si on est gourmand. Le livre est top, mais pour l’appliquer, c’est compliqué!

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Rien ne remplace l’expérience

En préparant cet article, je me disais souvent qu’il « manquait » un truc entre les 2 livres, entre la planification et les exercices. Un livre synthétique, plus simple et concret aurait sa place. Mais il serait délicat à réussir. Je n’en connais aucun de ce type, actuellement, qui valle la peine d’être lu par un grimpeur qui cherche à apprendre à s’entraîner (pour éventuellement entrainer d’autres personnes ensuite). Malgré les promesses des couvertures.

Ce qui manque, tout simplement, c’est l’EXPERIENCE. L’expérience du terrain, de s’être entrainé. De connaître ses capacités de récupération à tel type de séance, les ajustements à faire pour tel exercice, et une multitude d’autres choses. Et cela, on ne peut pas l’apprendre dans un livre.

Ce livre donne énormément d’infos concrètes et modernes. J’ai juste envie d’en rajouter une qui va peut être vous faire sourire, mais que j’aurais aimé qu’on me dise il y a 30 ans :

« L’ENTRAINEMENT DOIT TE FAIRE PROGRESSER. »

J’entends par cela une règle tout simple : si cela fait 3 séances que tu es moins fort, ou moins précis, ou moins confiant, ou moins quelque chose, c’est que tu dois vite repenser ton entraînement et sa planification. Et cela est très normal que cela se produise.
L’accumulation de fatigue est à utiliser avec beaucoup de précaution. Je vous déconseille de jouer avec cet outil trop souvent. Il mène aux blessures ou à la stagnation.
Page 171 : »Néanmoins, il peut être intéressant pendant une courte période d’enchaîner un peu trop rapidement des séances d’entraînement. En effet, il est possible momentanément de solliciter l’organisme sur une récupération incomplète pour profiter d’un effet de sommation de surcompensation. » Et oui le « junk volume » est un outil qui peut servir, mais avec discernement. On en revient à l’expérience!

Et entraîner vous mentalement également!