17 mai 2024
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Vidéo France 3: « Les moniteurs d’escalade veulent en finir avec la limite d’altitude »

Fermement décidés à faire bouger les choses dans le bon sens au sujet de la limite d’altitude des BE/DE escalade (voir cet article), nous sommes une équipe de professionnels de Haute Savoie à nous être mobilisés. Nous avons contactés différents acteurs du monde médiatique afin de pouvoir exprimer notre point de vue de manière plus large. En attendant la suite, voici ci-dessous le premier reportage que nous a accordé France 3 Alpes.

J’ai essayé de l’éviter, tout en sachant que cela serait inévitable, mais les suites de ce reportage et de sa propagation sur les réseaux sociaux ont abouti à une opposition entre quelques guides et quelques moniteurs d’escalade. Alors que personne n’a rien à y gagner évidemment.

La plupart des guides comprennent l’aberration de cette limite d’altitude et n’hésitent pas à le dire ouvertement (même des « grands noms » d’ailleurs…). La majorité des BD/DE escalade ont des guides parmi leur amis/collègues/associés et n’ont aucune envie de leur piquer leur travail. Ca se passe comme ça chez Grimpisme d’ailleurs.

« Passes le guide » est l’argument primaire que l’on peut lire ou entendre. A mon avis il est hors sujet (on parle d’escalade, pas de ski, de glace ou autre), révèle une peur économique et reflète une incompréhension de la MUTATION qu’est en train de vivre l’escalade sportive.

Concernant l’aspect économique de la vie d’un guide de haute montagne, je ne m’exprimerai pas car cela ne me concerne pas. Je ne connais pas assez bien cette problématique. Chacun ses soucis et ses erreurs.

Par contre, je pense être légitime pour parler d’escalade et de son évolution.
Nous sommes de plus en plus de professionnels à suivre des clients locaux à l’année. Par les salles d’escalade, les clubs et nos propres sites web, nous avons une clientèle suivie, généralement de septembre à début juillet. L’été on respire, les autres 10 mois et demi on travaille à fond. Fini les « saisons » comme on dit !
Ce travail de coach, ou encore entraineur, nous assure des revenus réguliers, moins sujets aux aléas météorologiques et surtout à la fréquentation touristique. C’est plus contraignant car il faut sans cesse se former, se perfectionner dans de nombreux domaines pour faire progresser les gens, et être disponible en weekend et soirées. Par contre on en retire plus de satisfaction (je parle de mon cas personnel). Et l’été on peut profiter pour récupérer.

Nous avons donc une clientèle qui « grimpe bien » (dans le 6 et le 7) et qui a des demandes précises. Il ne me semble pas insensé de demander d’avoir le droit d’emmener ces clients grimper aux Tours d’Areu, au Sappey, au col de la Colombière ou encore Céüse !!!! A qui vais-je « piquer des clients » dans ce cas ? Quel est le chiffre d’affaire généré par les guides de haute montagne sur ces 4 sites pris au hasard rapidement ? Voyez-vous souvent des guides de haute montagne coacher des clients à Céüse ? D’ailleurs on ne parle plus de client, mais de grimpeur ou même d’athlète très rapidement. Que faire de ces grimpeurs ? Les confier à un guide de haute montagne qui n’a pas une formation adaptée au coaching en escalade ? Pour les nouveaux secteurs de bloc que nous sommes en train d’ouvrir au Plan de l’Aiguille on fait comment ? J’ai des demandes déjà (que je pourrai satisfaire grâce à mon diplôme universitaire d’ailleurs, mais nous sommes peu dans ce cas). Quel pourcentage de guides de haute montagne sera compétent et prêt à encadrer 3 grimpeurs là-haut pendant 2 jours pour les conseillers dans leurs projets ?
Re-précisons que remettre en cause nos compétences sécuritaires pour ce type de sites d’escalade est absolument irrecevable. Nous ne demandons pas à pouvoir travailler sur la neige ou les glaciers.

Revenons à l’argent qui malheureusement semble être le noyau des peurs. Si j’en avais le droit, pensez-vous que je me précipiterais à encadrer tout l’été dans les grandes voies en 5 des Aiguilles Rouges de Chamonix ? Evidemment non et pour deux bonnes raisons :
– La clientèle touristique est trop peu nombreuse pour ce type de demandes.
Je gagnerais beaucoup plus d’argent en faisant du canyoning, de la via ferrata et des initiation escalade. En somme du boulot de BE saisonnier. Et ça beaucoup de guides de haute montagne l’ont bien compris depuis longtemps… sans que cela se passe mal avec leurs collègues moniteurs d’escalade, non ? Je connais bien et je trouve cette façon de travailler chiante, très chiante. Tant mieux car elle plait à beaucoup.

J’espère que ce texte aidera à faire baisser les tensions et permettra de faire avancer le débat. Il n’y a rien à opposer. Entraineur d’escalade et guide de haute montagne sont deux métiers différents… mais le premier cité est nouveau. Il répond à une nouvelle clientèle et ne veut rien voler à personne. L’escalade est devenue un sport à part entière, très souvent déconnecté du tourisme (sauf dans quelques vallées alpines).
D’autres actions vont suivre pas d’autres biais, pas uniquement médiatiques comme évoqué plus haut. A suivre !

PS : Les clients ça ne se pique pas, ça se perd… 😉

13 thoughts on “Vidéo France 3: « Les moniteurs d’escalade veulent en finir avec la limite d’altitude »

  • Bonjour,
    je suis guide et je fais le même travaille que toi, sauf que…
    J’ai par exemple eu un gamin de 8 ans en escalade pour des cours réguliers sur SAE, puis SNE, puis grandes voies en Vercors, puis en Ubaye, puis à 14 ans pour une traversée de la Meije, de la cascade de glace… Aujourd’hui, il est guide. Tu vois pour moi aussi la continuité existe entre les SAE et l’extérieur et elle existe aussi pour mes clients, elle ne s’arête pas au tours d’Areu, elle va jusqu’au Grand Cap…
    Quand aux soit disant manque de connaissance et de niveau d’escalade des guides. Je peux t’affirmer que nous aussi nous nous formons en continue, y compris sur l’entrainement et la performance, que beaucoup de jeunes guides grimpent dans le huit, les plus anciens comme moi sommes pas encore ridicule dans le 6 voire le 7.
    Si ce sont les seuls arguments que tu as à mettre en avant, ils me semblent bien faibles et très contestable.
    Sur ceux bonne grimpe… Je vais demain avec un client à la voie Desmaison au Pic de Bure 😉

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  • Alors je sera ravi de parler de muscles antagonistes, d’hypertrophie fonctionnelle, de visualisation, d’ancrage positif et de temps sous tension avec la majorité des guides que je rencontrerai à l’avenir! Ca nous occupera en attendant la benne. On pourra aussi comparer nos statistiques en terme de blessures sur les grimpeurs que nous prenons en charge… Même si en ce moment je trip plutôt sur les livres de Fradin, quoi que je suis en train de glisser vers du Bolliet.
    Désolé tu ne tiens pas la route en affirmant que les guides se forment sur l’entrainement et cie…Tu fais certainement ton travail très bien et avec passion. Peux être aussi que les thèmes et auteurs que je viens d’évoquer te passionnent, mais tu es dans ce cas minoritaire Manu.

    Je suis d’accord par contre avec toi pour les ponts entre l’escalade sportive et l’alpinisme, et pour l’excellent niveau en grimpe de nombreux guides.

    Métiers différents, clientèle différente… le fait que tu écrives que nous faisons le même métier me fait hurler! Mais on en reparle à la prochaine compet.

    Et si on fait le même métier, je vais au Peigne demain matin avec 2 clients non?

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    • Je ne dis pas que tu fais le même métier que moi, je dis que je fais le même travail que toi.
      Non, la formation de guide ne sort pas des incompétents en escalade sur rocher, non les BE ne sort pas des sur-compétents dans la même activité. Je suis régulièrement tuteur pour des BE. Il y a des très bon, curieux et qui découvrent l’hypertrophie fonctionnelle et tout le jargon que tu me jettes à la figure pas dans leur formation de BE mais après seuls par démarches personnels, comme certains guides. Tu serais surpris si tu fréquentais un peu plus les guides de rencontrer un paquet d’anciens grimpeurs de haut niveau, de préparateurs mentales, d’entraîneurs d’athlètes et d’équipes (escalade et ski-alpi) qui maitrisent les aspects les plus pointus de la physiologie, de la kinésiologie de la préparation mentale….
      Comme il y a des guides qui se satisfont de Mont Blanc et de Vallée Blanche, il y a aussi des BE qui se contentent de rester au niveau d’un surveillant de moulinette et pour lesquels souvent les grandes voies comme le pilier E du Pic de Bure restera une peur et l’hypertrophie fonctionnelle demeurera un concept inconnu.

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      • Salut Manu, merci pour ton message. On se comprend mieux déjà, et ça fait du bien d’échanger ailleurs que sur FB. Ces débats professionnels n’ont rien à y faire…
        Mais quand tu vois l’Equipe Magazine de ce weekend 100% consacré à la grimpe, il faut bien que tu réalises ce qui est en train de passer. Et l’organisation actuelle des diplômes ne permet pas de répondre à cette nouvelle clientèle qui va devenir très nombreuse (je ne suis pas à plaindre grâce à mon diplôme universitaire qui me permet d’entrainer en falaise au dessus de 1500m). Ou alors on y répondra de manière médiocre et inadaptée… dommage non?
        Ya du travail pour changer tout ça et nous aurons tous à y gagner, guides, entraineurs et moniteurs. Tous à y gagner en fonctions de nos envies, motivations, compétences et localisation géographique. J’écris ça en pensant bien connaitre le milieu des guides et BE/DE (en aillant travaillé 2 ans à la salle d’escalade des Houches). Mais effectivement cela ne reste que mon point de vue personnel.
        Des commissions? Des réunions? Ya de quoi s’occuper en tout cas!

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        • Le débat est à mener au niveau des syndicats. Pour la petite histoire si la limite d’altitude existe c’est qu’elle a été non seulement accepté mais même défendu à l’époque ( j’y étais) par le SNAPEC. Quand à l’explosion de l’escalade, pour l’instant, elle n’a que peu avoir avec cette limite d’altitude étant avant tout urbaine, sur SAE et sur de l’escalade fitness.
          Effectivement, cela génère du travail mais pour les ouvreurs de voies sur SAE ( que penses tu du CQP ?), plus que pour aller grimper aux Tours d’Areu. Ton argumentaire me semble sans fondement.

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          • L’histoire c’est l’histoire… et que tu le veuilles ou non je vous « pique » déjà plein de boulot grâce à ma licence STAPS. D’autres arrivent sur le marché mais sans être BE ou DE en parallèle (je constate ça, cela ne sort pas de mon imagination).
            La clientèle fitness devient tellement énorme que le faible pourcentage qui demande à aller dehors représente bcp de gens déjà, et ce n’est que le début. L’avenir me donnera peut être raison? Mais c’est vrai qu’à Chx, dans le 05 ou le Diois cela doit moins se ressentir. Sur le genevois c’est pas la même!
            On en arrive au CQP… j’ai un avis partagé la dessus. Le point négatif est que les entreprises vont essayer de faire baisser les salaires et honoraires. Mais d’un autre côté, si tu es un guide, moniteur, entraineur ou ouvreur passionné et impliqué, étant diplômé d’Etat ou CQP, tu as du travail autant que tu en veux et tu peux pratiquer des tarifs supérieurs à la moyenne sans aucuns problèmes. La compétence est importante je pense, la médaille ou le titre ne fait pas tout et heureusement.

  • Je peux te montrer comment s’organise concrètement ma vie professionnelle avec plaisir.

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    • Je suis au » plus prêt » de ces nouveau arrivant en escalade. Et je pense que tu te fourres le doigt dans l’œil. De nombreux indicateurs montrent une croissance constante mais faible de l’escalade en SNE ( ne parlons pas des grandes voies). Effectivement, les BE sont chassés de leus « territoire » par des sous brevets, sous qualifiés et sous payés ( se qui est contradictoire avec ton discours de la nécessité de haute qualification en physiologie et tutti quanti). Les CQP entretien des SAE est encore un de ses sous diplômes de viseurs de prises qui montent leurs prises suivant un plan donné par la maison mère et appliqué à toutes les SAE de sa chaîne ( ça existe déjà!). Les moniteurs de fitness, fourbissent leurs armes pour expliquer que le bloc est une sorte d’espalier non régulier et que donc ça fait parti de leur champ d’action. Voilà le futur de l’escalade, dont tout ou tard tu seras éjecté. Le territoire de l’escalade vu par les guides est tout autre, basé sur une histoire ancienne, des valeurs différentes. Ce territoire est ouvert à tous, il suffit juste de passer le guide. Alors qu’attends-tu ? Au vu du savoir faire que tu revendiques ce ne sera qu’une formalité pour toi….. Reste la fissure Lepiney !

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  • La différence d’approche entre les deux figures professionnelles, même quand elles évoluent sur le même terrain, me semble claire..

    Prenons la fameuse vidéo qui remet au goût du jour le demi cab directement sur le relais. J’ai beau retourner le truc dans tous le sens, la seule justification valable me semble : « mon second (client) est naze en assurage, ou très léger, et je veux mettre toutes les chances de mon côté » . De tout autre point de vue, notamment en termes de sollicitations des ancrages, on sait faire mieux.

    Alors, réponse de guide à ce problème = j’adapte ma technique pour « faire avec » le client et faire la course aujourd’hui, au mieux. Réponse de moniteur au même problème = je forme mon client pour qu’il maîtrise, et éventuellement je revois les objectifs à la baisse.

    Les deux approches sont tous les deux adaptés dans certains cas, et pas dans d’autres… et bien sur on peut trouver des contres exemples mais dans la moyenne c’est ça

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    • Là pour le coup ton discours témoigne d’une profonde incompréhension de la problématique du relais, mais passons.
      Si tu as bien lu mon texte, comme beaucoup de guide, je forme mes clients puisque j’en ai emmené jusqu’au guide ( c’est pas le seul et même d’autres au monitorat)…
      Je connais des BE qui sont et qui restent au niveau de surveillant de moulinette. Faire des généralité comme tu le fais n’est pas très honnête intellectuellement.

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  • Merci pour votre vidéo ça fait du bien de. Pour ça !!!
    je suis diplômée d’état d’escalade dans les hautes alpes et je ressens tous les jours cette incompréhension à cette limite d’altitude que nous subissons nous diplômés des alpes.
    Je pense que nous pouvons travailler ensemble et oublier nos égos et formatages sociales pour une fois!!!

    C’est un combat chaque jours chez nous pour trouver des secteurs alors que nous sommes quand même à la «  Mecque » de ce sport magnifique.
    Je Suis prête à m’engager( nous serions plusieurs) pour changer les choses… mais par où commencer…!!!
    Soyons intelligent pour une fois

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