Sean Bailey: polyvalence et résilience
Voici quelques semaines déjà mais je voulais revenir sur cette vidéo que je trouve très intéressante. Vous la trouverez en bas de cette page. C’est le cas aussi de celle de Carlo Traversi dans “Magic Line”. Mais elle va peut-être passer à la trappe, faute de temps et de choix de priorités.
L’américain Sean Bailey est actuellement l’un des meilleurs grimpeurs au monde. Il n’est pas parvenu à se qualifier pour les JO de TOKYO 2021 ( et oui, si on écrit TOKYO 2020, on se réfère à la marque déposée, et pas aux épreuves sportives…). Et pourtant, Sean va réaliser une année « post non-qualification » exceptionnelle en enchaînant “Bibliographie” à Céüse, en répétant des blocs extrêmes très rapidement, en gagnant une épreuve de Coupe du Monde de Bloc, et enfin en gagnant deux épreuves de Coupe du Monde de voie.
Comment a-t-il pu se remettre si magnifiquement d’une telle déception ? La vidéo « Proof of concept » nous montre ce processus. J’en ressors trois points principaux.
Le niveau de Sean est incroyable
C’est peut être évident, mais pas commun et il faut le mettre en avant. Le niveau technique et physique de Sean est vraiment hallucinant. Quels doigts et quel relâchement dans sa grimpe! D’ailleurs la vidéo commence avec la tentative flash dans un 9a+. Et cela ne passe pas loin … Quand aux mouvements statiques qu’il réalise lors de l’enchaînement de « biblio »… chapeau.
Effectivement, quand on grimpe si bien en réalisant des croix de haut niveau, cela aide à relativiser les échecs. Mais cela n’est pas si simple.
Une polyvalence possible… et souhaitable
Sean est un grimpeur polyvalent. Il fait de la voie en extérieur, il fait du bloc en extérieur, il est performant en compétition. Cela n’est certainement pas nouveau pour lui de concilier ces différentes pratiques. En tout cas, cela prouve une nouvelle fois que c’est possible. D’ailleurs d’autres le font encore actuellement avec beaucoup de réussite (Schubert, Ondra, Garnbret, Ghisolfi, etc).
Ben Hanna en parle dans cette vidéo et le prouve par son résultat à Meiringen en avril dernier: la grimpe sur le caillou n’est pas complètement incompatible avec de bons résultats en compétitions. Ne parlons pas que de finesse technique, mais également d’une motivation saine et durable. J’ose dire que la grimpe en extérieur est bénéfique et souhaitable pour les compétiteurs. Le plus possible, le plus tôt possible, et sous des formes variées.
Une motivation saine et durable
Au début de la vidéo, Sean explique qu’après sa non-sélection pour les JO, il s’est rappelé les raisons pour lesquelles il aime la grimpe. Sean aime la grimpe, les grimpes. Il ne s’entraîne pas uniquement pour un classement. Il s’entraîne pour des objectifs variés dont certains sont très probablement des compétences propres à la pratique elle-même. Cette variété lui a permis de garder une motivation suffisante pour surmonter l’immense déception et tout arracher ensuite.
Je vois trop souvent des jeunes arrêter complètement la grimper vers 20 ou 22 ans après une carrière de compétiteur qui ne décolle pas. La faute souvent à un éventail de pratique trop étroit, exclusivement axé sur la compétition. Malheureusement, ils ne connaissant ou ne savent pas apprécier les autres manières de pratiquer. Et pourtant l’escalade, c’est bien plus que la compétition.
Au-delà de l’accomplissement personnel et d’une pratique axée sur le pur loisir, nous avons la chance de pratiquer un sport dans lequel haut niveau et compétition ne sont pas absolument liés. Faisons en sorte de perpétuer cette richesse. Surtout que c’est plus efficace. Sur ce, bon film!