24 avril 2024
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La situation au Népal en novembre 2015

nepal tremblement  terre

Je suis régulièrement allé au Népal entre 2000 et 2007, sur le début, le plein, et la fin de la guérilla maoïste, pouvant constater les difficultés d’un pays et de ses habitants dont la fameuse bonne humeur fut mise à mal. Ce court séjour en novembre 2015 m’aura permis de me rendre compte de la situation quelques mois après les terribles tremblement de terre du printemps (plus de 8000 morts), maintenant que les médias généralistes ont lâché l’affaire pour nous vendre de nouvelles sensations.

N’en déplaise à TF1 et ses confrères, Kathmandu n’est pas par terre, la vie a repris son cours « normal » avec des nouveaux problèmes dont nous parlerons plus bas. Les monuments historiques ont souffert et pour le moment seule la stupa de Boudha est un cours de reconstruction. C’est très triste de voir ces magnifiques temples partiellement ou même entièrement détruits. Comment faire pour reproduire à l’identique ces constructions si délicates?
En dehors des zones historiques, ce sont évidemment et malheureusement les quartiers populaires pauvres qui ont le plus souffert, où on peut encore voir des tas de briques pas déblayés et beaucoup de murs renforcés par des étais en bois. Le barbier, épuisé et agacé, nous raconte par exemple qu’il n’a plus de maisons et vit chez un ami depuis des mois déjà. Dans le Kathmandu moderne des boutiques de luxe et des banques internationales, aucunes traces du séisme, l’argent circule toujours et les classes aisées continuent à prospérer sans visiblement subir cette période tellement difficile pour le pays. Cela m’a d’ailleurs vraiment surpris de voir beaucoup de familles népalaises en vacances à Pokhara par exemple, où à Muktinath, la preuve que tout n’est pas si compliqué pour tout le monde car on ne voyait pas ça dix ans en arrière.

nepal agence trekking

Le quartier des touristes, Thamel, n’a pas non plus souffert du tremblement de terre, mais était étonnement vide de touristes, particulièrement à notre arrivée. Tek, un ami népalais qui dirige sa propre agence de trekking (www.portesaventure.com) nous confirme que c’est très dur pour l’économie du tourisme et du trek. La fréquentation touristique du pays s’est littéralement effondrée, pénalisant encore plus un pays si dépendant des hordes de touristes et trekkeurs consommant de l’hébergement, de la restauration, des prestations de guide, de porteur, des transports en bus et taxi, achetant des souvenirs etc etc.
Un malheur ne venant jamais seul, car on ne le sait pas en France maintenant que les projecteurs ont changé de cibles, le Népal subit de plein fouet un blocus économique de la part de l’Inde depuis le mois d’octobre (la nouvelle constitution népalaise affaiblit le poids politique de certaines ethnies étroitement liées à l’Etat indien, pour faire court). Coupures de courant, pénurie de carburant, de gaz, … la vie quotidienne des népalais est très compliquée et stressante.
Imaginez vous en ville, en train de cuisiner au feu de bois dans la rue pour ne pas enfumer votre appartement, ou encore devant payer le trajet de bus cinq fois plus cher qu’à la normale à cause d’un rabatteur peu scrupuleux pour retourner dans votre village d’origine pour les fêtes de Diwali. Du point de vue du touriste, ce blocus rend les déplacements hasardeux et presque chers, même pour un pouvoir d’achat occidental. Mais surtout les népalais sont agacés, tendus, la qualité de l’accueil sur Kathmandu a nettement baissée et on a malheureusement souvent l’impression d’être pris pour une vache à lait avec des tarifs généralement en forte hausse. Dans les zones touristiques une insistance parfois désagréable des locaux pour nous faire consommer se ressent clairement.

Le Népal traverse donc à nouveau une période difficile, du moins pour la majorité de ses habitants qui pourtant fait toujours preuve d’un immense gentillesse. Les dirigeants politiques tentent de se tourner vers la Chine pour contourner le blocus indien, mais la seule route permettant de joindre rapidement le Tibet a été fortement endommagée par le séisme et cela ne va pas être simple. Il faut espérer que malgré tout les touristes reprennent confiance et reviennent visiter ce pays si beau et accueillant où l’on est tenté de prendre une photo tous les dix pas. Je fais confiance au népalais qui sont intelligents, tolérants et courageux pour s’en sortir. Ils auraient bien des leçons nous français à nous donner, si leur humilité ne les en gardait pas!

Plus de photos de Kathmandu sur cet album Pinterest.

4 thoughts on “La situation au Népal en novembre 2015

  • J’étais également au Népal du côté des Annapurnas en novembre ainsi que l’an dernier avant le séisme. La situation que vous décrivez reflète tout à fait la réalité actuelle.
    Sans les touristes la population qui vit modestement a du mal à s’en sortir.
    Il faut revenir au Népal, pour la montagne et la gentillesse des Népalais qui sont admirables de courage dans des conditions de vie souvent extrêmes.

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  • Salut Rachel, nous sommes aussi passés par les Annapurna, je sors un article à ce propos dans les prochains jours.

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